lundi 29 avril 2013

3) L'évolution, thème primordial de la présence médiatique de 2001: A Space Odyssey: un pessimisme inéluctable ?




            2001: A Space Odyssey et les créations culturelles qui choisissent cette œuvre comme référence ont en commun l'élaboration d'un propos sur l'homme et sur son évolution.  
         Cela n'est pas anodin, puisque l'œuvre de Stanley Kubrick met en scène un propos réflexif, voire philosophique sur l'homme et sur son existence, notamment, et surtout, à travers la thématique de l'évolution. Et cette même thématique est traitée d'une façon particulièrement pessimiste. Effectivement, 2001: A Space Odyssey met en scène l'incapacité de l'homme à évoluer seul. Cela se démontre par la présence du monolithe, qui est à l'origine du progrès humain: en permettant aux hommes-singes de survivre et de conquérir leur propre terre, il permet son évolution. Cet objet, qui semble appartenir à une intelligence extraterrestre, démontre l'infériorité de l'homme par rapport à cette même intelligence, mais également son incapacité à pouvoir évoluer seul. L'homme est tributaire d'une aide extérieure.
Cette idée est reprise au sein de Wall-e de Disney Pixar. L'espèce humaine, qui vit dans l'espace en étant esclave de la société de consommation, n'est pas dans la capacité de s'émanciper et de changer son avenir. C'est l'aide des deux robots protagonistes de cette œuvre, WALL-E et EVE, qui va permettre aux hommes de regagner la terre et de pouvoir acquérir leur liberté. Tout comme dans 2001: A Space Odyssey, une aide extérieur est nécessaire. Cela démontre le manque d'indépendance de l'espèce humaine, qui n'a pas les capacités requises pour prendre en main correctement son futur.
Ce manque d'indépendance se perçoit à travers la dépendance excessive de l'homme à une autre entité. Dans 2001: A Space Odyssey, l'homme est dépendant de HAL, puisque c'est lui qui gère le vaisseau et qui détient leur vie entre ses mains, comme le démontre la scène où les astronautes cryogénisés décèdent; au sein de WALL-E, l'homme ne peut vivre sans une consommation excessive, cela se justifiant par la pollution de la Terre, et par son mode de vie dans l'espace.
Dans l'épisode des Simpson, un extrait démontre également la dépendance de l'homme vis à vis d'une autre entité, dans ce cas précis il s'agit de la télévision. Il est mis en parallèle avec un autre extrait de 2001: A Space Odyssey:





Cet extrait de 2001: A Space Odyssey est peut-être un des plus célèbres, notamment à cause de cette ellipse temporelle majeure de plusieurs millions d'années, mise en scène par un raccord logique, puisque l'os et le lanceur d'engin nucléaire ont un lien à la fois esthétique (c'est à dire leur forme similaire) et thématique (se sont tous deux des armes). Ce raccord semble mettre en lumière la prédominance des armes au sein de l'espèce humaine. Déjà mise en valeur par le biais des singes, le fait que l'ellipse montre une arme qui surplombe la Terre met en lumière le fait que l'homme caractérise l'armement comme une entité primordiale au sein de son existence.
La scène des Simpson reprend ce raccord, cette fois sans ellipse temporelle, en passant d'un stylo à ce qui ressemble fortement à l'engin nucléaire de 2001: A Space Odyssey, marqué du logo de la FOX, chaine américaine qui diffuse Les Simpson.  Ainsi, l'arme est liée directement à la télévision: cette référence permet de mettre en exergue la prédominance de la télévision au sein de l'existence humaine, tout comme l'arme est prédominante au sein de l'œuvre de Stanley Kubrick. Également, le fait qu'il s'agisse d'un engin nucléaire peut démontrer le caractère parfois dangereux de la télévision, et le fait qu'il assomme le personnage principal, qui est esclave de ce média au sein de la série, semble expliciter, d'une façon humoristique, l'abrutissement que peut engendrer la télévision. Cet extrait montre donc une dépendance de l'homme à ce média, qui peut parfois se révéler néfaste. 
Ainsi, l'œuvre de Stanley Kubrick, et l'ensemble de sa présence médiatique semblent mettre en exergue un propos pessimiste sur l'évolution humaine, que cela soit son incapacité à évoluer ou sa dépendance à des entités, qui, au fil de son évolution, deviennent prépondérantes.
       Pourtant, malgré cet état de fait, un espoir est présent, par le biais du thème de la fécondation. Cette idée est présente  au sein de 2001: A Space Odyssey, mais également au sein de WALL-E. Il s'agit de mettre en parallèle la fin des deux films, donc le générique de la création de Pixar.





Comme nous avons vu précédemment, l'extrait de 2001: A Space Odyssey met en scène un nouveau-né, en fœtus, qui se dirige vers la Terre. La musique "Ainsi Parlait Zarathoustra" montre qu'il s'agit d'un événement primordial pour l'espèce humaine, puisque elle est utilisée lors de la première évolution de l'homme, c'est à dire la découverte de l'arme. Cette scène est surtout révélatrice de la thématique de la fécondation. Bien qu'il s'agisse encore une fois d'une aide extérieur, ce qui atténue l'optimisme du propos, puisque cet enfant a été engendré par le biais d'une intelligence extraterrestre, une idée de renouveau est présente, comme si l'homme avait peut-être la possibilité de tout recommencer. Il s'agit d'ailleurs d'une forme cyclique du temps, puisque l'espèce humaine, qui semble être arrivé à la fin de son évolution, semble revenir à un début, forcément différent, mais qui engendre un retour en arrière, comme le justifie l'allégorie du nourrisson.
L'idée de fécondation est aussi présente au sein de WALL-E, par le biais de deux éléments. Dans un premier temps, le couple de robot WALL-E et EVE n'est pas anodin, puisque le fait qu'ils soient de sexe féminin et masculin, et le nom évocateur du robot EVE, permettent de faire un rapprochement entre Adam et Eve, bien qu'il s'agisse de robots. Ils représentent alors une sorte d'allégorie du premier couple de l'humanité, ce qui engendre une idée de renouveau par le biais de la thématique de la genèse. Dans un deuxième temps, la plante verte plantée et arrosée par un enfant démontre l'idée d'une terre féconde, qui annonce un futur où le lien entre l'homme et sa propre terre sera prépondérant. Le générique est également éloquent, puisqu'il renvoie à l'idée d'un temps cyclique, à l'instar de 2001: A Space Odyssey: effectivement, les hommes, une fois revenus sur Terre, revivent les grands moments de l'histoire, avec une présence constante de l'idée de plantation et des deux robots protagonistes. Ainsi, l'humanité recommence, revit son évolution du début, mais avec des changements éloquents qui pourraient lui permettre de mieux évoluer: c'est à dire une relation respectueuse avec la Terre, vue alors comme source de vie, mais également une cohabitation plus apaisée avec la technologie, cela se percevant par la présence des robots. 
       2001: A Space Odyssey est un propos essentiellement pessimiste sur l'évolution de l'homme, même si un espoir est présent à la fin. Il n'est donc pas anodin si au sein de la culture médiatique, les références culturelles qui utilisent l'œuvre de Stanley Kubrick reprennent ces thématiques, puisqu'elle s'avère être un outil propice pour évoquer ces questions d'ordre philosophique. Ainsi, la présence médiatique de 2001: A Space Odyssey dans son ensemble exprime une réflexion sur l'homme et son évolution, sa place au sein de l'univers, et donc un discours sur l'humanité.